Lara est née garçon mais se sent fille. Situation difficile, d’autant plus qu’elle souhaite devenir danseuse professionnelle dans l’école où elle vient de s’inscrire. Son entourage bienveillant, qu’il s’agisse de son père ou des différents médecins qui l’accompagnent, fait son maximum pour lui permettre de réaliser ce projet. Lara met toute son énergie dans la danse et l’attente d’une opération qui la ferait définitivement femme.
Toute la presse en parle … et elle est unanime ! Victor Polster est tout simplement sidérant. Dès les premières images, douces, à mi-voix, nous accompagnons, médusés, un(e) adolescent(e) qui, sans éclats, sans heurts, avec une force et une détermination d’acier poursuit son but, danser dans un corps de fille.
A son arrivée, l’école fait les présentations, et Lara a des séances particulières pour « rattraper » son retard. En effet, chausser les pointes est un exercice féminin et il faut tout apprendre quand les autres sont déjà bien formées.
Le chemin est dur, les instants de souffrance multiples. Lukas Dhont conjugue pour son personnage deux difficultés qui se rejoignent, il s’agit de faire plier la nature et modeler son corps. Lara est discrète, parle peu, travaille beaucoup. Elle ne fera pas l’économie de la curiosité pas toujours très saine de ses pairs. Elle doit également batailler face au corps médical qui veut une transformation par paliers pour préserver la santé de Lara pendant que, du haut de ses quinze ans, elle refuse d’attendre.
Dans ce tableau singulier, ce qui ressort au final ce sont les émotions de l’adolescence. La difficulté de mettre des mots dessus. Le père qui est un modèle du genre et encourage Lara n’échappe pas à quelques gaffes. L’entourage en fait trop ou pas assez. Lara est toujours un être différent. Elle le sait et le sent. Dans la plupart des situations, à l’école de danse comme chez les spécialistes, son corps ne lui appartient pas tout à fait. Ce sont les autres qui décident ou posent les règles, en danse comme en médecine.
Le combat de Lara, saisissant, est de devenir JE. Et elle s’y emploie avec courage et obstination. Lukas Dhont aborde un sujet sensible avec beaucoup de pudeur et d’humanité. Victor Polster crève l’écran, au point qu’on fait un effort pour ne pas négliger Arieh Worthalter dans le rôle du père qui est excellent lui aussi.
Loin du sensationnalisme et des scénarios tapageurs, la Caméra d’Or de Cannes 2018 et le prix d’interprétation pour Victor Polster ne peuvent que vous certifier la qualité de ce film bouleversant de sincérité.
F Poul
Bonus:
Piste audio parlée en français et néerlandais
Titre français : Girl
Réalisation : Lukas Dhont
Scénario : Lukas Dhont et Angelo Tijssens
Photographie : Frank van den Eeden
Montage : Alain Dessauvage
Musique : Valentin Hadjadj
Pays d'origine : Belgique
Langues : néerlandais ; français
Genre : drame
Dates de sortie :12 mai 2018 (Festival de Cannes 2018) 10 octobre 2018
Distribution
Victor Polster : Lara
Arieh Worthalter : le père
Oliver Bodart : Milo
Valentijn Dhaenens : le psychiatre
Tijmen Govaerts : Lewis