Léo, un jeune boxeur, croise la route de Monica, une pauvre fille qu’il sauve des mains d’un sale type. Elle s’accroche à ses basques pour échapper à ses démons. Il vient de mettre le doigt dans un sale engrenage tout pourri, avec des gangsters à la petite semaine travaillant pour des yakuzas furieux. Les mécréants viennent de perdre un sac plein de came. Il finit entre les mains de notre petit couple d’amoureux. Ils ignorent le contenu pervers de ce qu’ils trimbalent. Les ennuis ne font que commencer. Ils se ramasseront à la pelle, comme les fleurs de cerisier au printemps. A leurs trousses, une bande de yakuzas dans la lignée de ceux de Kitano, une triade chinoise avec à leur tête une jolie fille à qui on ne la fait pas. Des flics ripoux avec des gros moyens voudraient bien en croquer. Nous rajouterons à la fiesta nos branquignoles chargés de veiller sur le pactole. Tout ce petit monde s’amuse à court-après- moi-que-je-t’attrape ! Ça va être ta fête ! Dire que pour Léo, tout partait d’un bon sentiment, sauver une demoiselle en détresse ! Le petit Cupidon farceur transforme cette bonne action en romance. La nuit s’achève dans un grand bal de la torgnole, avec sabres ensanglantés, armes à feu et autres objets passant à portée de main. Je vous laisse deviner qui sortira vainqueur de cette valse mortelle.
Tout le monde vous parlera de Tarentino comme influence. Il n’existe pas que ce réalisateur inspiré par le cinéma japonais pour faire des films d’action barrés. Nous pensons plus pour notre part à Kitano et ses yakuzas, le cinéma japonais et hongkongais. First Love emprunte au cinéma d’action version sushi dans ses grandes heures, John Woo et bien d’autres maîtres du polar, speed comme une bonne bastos. Ce n’est pas la première fois que Takashi Miike bouscule le genre avec plus de cent films à son actif. C’est un mélange improbable, explosif puisant dans le roman noir avec une vision d’un Tokyo nocturne sans pareil. Il est suivi d’une romance à l’eau sanguinolente, basculant dans le film de yakuzas pur cru.
Il s’achève en beauté dans une pagaille monstre où tous les codes volent en éclat pour le bonheur du spectateur. Dans cette trame narrative et sur fond de cité sombre apocalyptique, le réalisateur propose toute une série de portraits hauts en couleur. C’est le portrait d’un boxeur en bout de course, passager de la vie. Il est indifférent au monde, sauf à cette belle, sortie des bas-fonds comme dans un roman noir de David Goodis. C’est un petit couple perdu au bord des portes de l’enfer, sans espoir d’un avenir sauf des plus ténébreux. First Love affiche des gueules de yakusas portées par le mythe mafieux et un sens de l’honneur qui en prend plein la figure.
Les flics en croqueraient bien en bons ripoux. Une jolie Chinoise, cheffe d’une triade dans la tradition du cinéma d’arts martiaux de la belle époque règle ses comptes avec nos affreux. Derrière le rythme endiablé se cache une réflexion sur l’honneur, la maladie, l’amour, la noirceur du monde et un Tokyo hors des sentiers battus. C’est jouissif à souhait.
Patrick Van Langhenhoven
First Love,le dernier Yakuza
Titre original:(Hatsukoi)
Pays: Japon2019
Réalisation : Takashi Miike
Scénario : Masaru Nakamura
Image : Kita Nobuyasu
Décors : Takeshi Shimizu
Son : Jun Nakamura
Compositeur: Kôji Endo
Directeur de la photographie: Kita Nobuyausu
Chef décorateur: Takeshi Shimizu
Chef éclairagiste: Yoshimi Wtabe
Montage : Akira Kamiya
Musique : Kôji Endô
Producteur(s) : Misako Saka, Jeremy Thomas, Muneyuki Kii
Production : OLM, Toei Company, Recorded Picture Company
Interprétation : Masataka Kubota (Leo), Nao Ohmori (Otomo), Sakurako Konishi (Monica/Yuri), Shôta Sometani (Kase), Becky (Julie), Jun Murakami (Ichikawa)...
Distributeur : Haut et Court
Durée : 1h48