The Exception

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Un film de Jesper W. Nielsen,
Avec Danica Curcic, Sidse Babett Knudsen, Amanda Collin,

Genre : Suspense
Durée : 1h55
Danemark

En Bref

Iben, Malene et Camilla travaillent dans un centre dédié aux génocides. Elles forment un groupe soudé que l’arrivée d’Anne Lise, embauchée comme documentaliste, perturbe. Nous trainons tous nos petites et grandes douleurs qui nous marquent sans exception. Iben est encore sous le choc de sa condition d’otage en Afrique. Elle voit dans l’ombre la silhouette d’un enfant-soldat, fantôme d’un cauchemar dont elle ne s’est toujours pas réveillée. Malen cherche à effacer sa maladie derrière ses compétences. Camilla, complice, semble avoir toujours été là pour les deux autres. Difficile pour Anne Lise, la petite nouvelle, de pénétrer dans ce groupe soudé quand une série de messages menaçants s’adresse aux trois femmes. Elle se voit soupçonnée et rejetée par le trio. C’est peut-être ce mal que traque Iben dans ses articles. Comment des gens ordinaires, de simples citoyens, basculent-ils, se transforment-ils en démons pour leurs pairs ? Comment accepte-t-on des ordres insensés comme conduire des innocents à la mort ? Comment ces femmes feront-elles face à la menace venue de l’une d’entre elles, d’un ancien ennemi serbe, d’ailleurs peut-être. La tension progresse pour ne plus vous lâcher jusqu’à son dernier coup d’archet !

Jesper W. Nielsen adapte le roman de Christian Jungersen L’exception dans un suspense plus qu’un thriller. Il faut accepter un démarrage de la folie ordinaire avant que, peu à peu, la paranoïa s’installe et que le soupçon l’accompagne. Nous découvrons ce trio d’employées, simples comme les hommes qu’étudie Iben. En miroir à la tension, la notion du mal marque chaque passage, comme une tête de chapitre du livre de la haine. Il part de l’analyse de l’obéissance décryptée par des chercheurs américains sur les camps de concentration à la guerre du Kosovo. Iben nous explique comment des gens simples deviennent des monstres. Qu’est-ce qui fait de votre voisin, votre ami, votre frère, un être capable du pire ? Est-ce le groupe qui vous entraine sur des territoires inconnus, un gène caché, un mal sournois qui peut enfin se libérer ?

La question est vaste et intéressante. Elle fait écho à ce que vivent nos trois femmes. Au début tout va bien. Un groupe a du mal à accepter la petite nouvelle. C’est une autre notion que décortique L’exception, celle du groupe, comme dans la Vague de Dennis Gansel en 2008. Il examine le comportement d’exclusion d’un individu vu comme une menace. Du quotidien ordinaire, le film bascule dans une montée en tension qui ne cessera que sur la fin. Elle devient de plus en plus malsaine et révèle les failles de chacune. Jesper W. Nielsen joue la carte psychologique plus que celle de l’action liée au thriller qui n’apparaît que dans un final explosif. C’est donc dans les détails, les phrases, les réactions, les alliances changeantes que tout se joue. Nous sommes plus proches du suspense hitchcockien que de l’action pure et dure du thriller. C’est tout l’intérêt du film, se démarquer par son approche et son discours moral.

Pour l’auteur du roman et celui du film, nous ne sommes pas innocents. Nos actes et nos actions entrainent des conséquences dont nous sommes responsables en partie. Nous sommes capables du pire quand notre vie est en danger. Serions-nous tous des monstres en sommeil ou des anges ? La fin propose une troisième réflexion, celle du sacrifice. L’exception, après un démarrage assez lent, est un de ces films qui nous entraine au-delà de la séance dans un débat profond sur le fond de notre âme entre bien et mal.

Patrick Van Langhenhoven