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affiche Elysium

Elysium

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Un film de Neill Blomkamp,
Avec Matt Damon, Jodie Foster, Sharlto Copley ,

Genre : Science-fiction
Durée : 1h50
États-Unis

En Bref

Dans un futur lointain, notre planète accentue la différence entre les classes, entre pauvres et nantis. La terre surpeuplée, polluée jusqu'à l’âme, accueille la misère du monde dans d’immenses favelas, bidonvilles, immeubles en ruines, laissés à l’abandon, maison de bric et de broc composent ces cités du futur. Mal nourris, mal soignés, les pauvres hères de la petite planète bleue triment comme au bon vieux temps de l’ère industrielle. Au cœur des étoiles à quelques encablures de notre monde, une immense station spatiale devient le nouveau refuge de la classe aisée. A Elysium, nouveaux Champs Élysée, les dieux de l’argent profitent de la vie, de somptueuses villas et d’un bien plus précieux l’espace. Parfois des crève-cœurs d’en bas réussissent une incursion vite réprimée pour quelques soins ; grâce aux machines médicales, les nantis ne souffrent plus d'aucune maladie, gagnent presque l’éternité.

Max, jeune délinquant recyclé, aujourd’hui se fond dans la masse, travaille à la chaine et ne désire rien d’autre que l’oubli. Pourtant un incident dans son usine de Robocops lui rappelle la bonne vieille loi que sans argent tu n’es rien ! Irradié et sacrifié, il ne lui reste que 5 jours avant le grand tunnel de lumière. Max tente le tout pour le tout en aidant Spider à voler les données d’un Milord, il gagnera ainsi sa place pour Elysium et ses machines miraculeuses qui le sauveront des portes de l’Hadès. Dans l’ombre la secrétaire Delacourt, secrétaire à la Défense d’Elysium voudrait bien en finir définitivement avec les méthodes douces pour préserver le paradis des sombres manants. Tous ses personnages se croisent et oublient une petite chose, le petit grain de sable que le destin glisse dans le karma du monde. Une promesse d’enfant voyage au-delà du temps. Elle traverse les années et un jour l’étincelle devient feu et prend vie.


C’est en 2009 au festival de Deauville qu’un jeune réalisateur crée la surprise avec un film fait de bric et de broc et pourtant très abouti. District 9 pour les fans de science-fiction en manque devient vite un film culte comme Blade Runner, 2001 l’Odyssée de l’espace, Zardoz, etc. Neill Blomkamp est donc très attendu, avec sa nouvelle incursion dans l’univers de la S.F, avec les moyens d’un grand studio hollywoodien. Soyez rassuré, le bonhomme n’a pas perdu de sa verve, de son talent et nous propose une nouvelle variation autour de sa thématique, les salopards de richeS et les miséreux.

District 9, de l’avis de son auteur, cachait toute une réflexion sur Soweto et la société afrikaner. Il étend sa parabole à la société actuelle, la crise creusant le fossé entre riches et pauvres. Il rejoint l’un des courants de la science-fiction, sur le futur, celui-ci a d’ailleurs tendance à revenir aujourd’hui avec la littérature de science-fiction, un temps oublié. Le film est la meilleure surprise de cet été avec Lone Ranger. Il mélange à la fois le cinéma d’action et une histoire assez simple, qui très vite passent du manichéisme pauvre- riche, mort -vie, à une variation plus complexe. Il balaie toute la problématique que soulèvent les auteurs de la science-fiction, sur la différence de classe, le besoin d’espace, l’argent, la maladie, l’éternité. Il se place dans la lignée d’auteurs comme Henlein, Asimov, K.Dick, certains Sylverberg, Clark, mais aussi Vance , Farmer, Greg Bear, Gibson. Comme dans District 9 c’est toute la science-fiction occidentale qu’il se réapproprie. Toutes les thématiques que véhicule Elysium trouvent leurs origines au cœur des ouvrages des auteurs précités. La société des pauvres est en esclavage. Elle ne possède pas les moyens de son émancipation. Le voudrait-elle qu’elle ne le pourrait pas, ce qui détermine votre classe est la naissance. Les pauvres seront toujours pauvres et les riches toujours riches. Dans cette société féodale, pour s’émanciper, il reste la rébellion. C’est le personnage de Spider, rebelle gauchiste, rêvant de cette utopie d’un monde où tous deviennent égaux. Max comme tout héros de S.F dans cette perspective fonctionne sur la base de l’ego, sauver sa peau et l’accès au monde de l’argent qui fait le bonheur. Le film montre dans sa narration comment celui-ci par diverses épreuves et rencontres modifie son point de vue. Il finit par se sacrifier pour la cause, alors que rien ne le prédestinait à être un héros christique.

Il s’agit bien aussi quelque part d’un chemin de croix, par touches subtiles, les très belles scènes avec la religieuse nous confortent dans cette idée. Nous pourrions aussi le voir du point de vue des contes, un chevalier délivre une princesse de la tour oùu le seigneur puissant et riche la retient. Comme dans District 9, les lectures s’avèrent multiples, suivant l’angle où nous nous plaçons. De même, c’est un film sur une révolution des pauvres contre les riches. Les symboliques sont nombreuses comme la guérison de l’enfant, nouvel avenir, d’une société pleine de promesses. Comme les auteurs de S.F, l’utopie devient réalité, mais après nul ne s’interroge sur ce qu’elle deviendra. Certains se poseront la question, mais c’est peut-être un autre film. Elysium pourrait bien être une continuité du monde de District 9, même atmosphère et technologie, robot policier sans âme et ghetto devenu favelas.

La nouveauté vient du rajout à cet univers issu de la SF occidentale, de celui des mangas, exosquelettes, et le personnage de Kruger avec son sabre. Elysium est riche à foison et nous espérons bien revenir sur le film pour vous proposer dans une new des pistes de lectures nouvelles. La force du film réside dans son mélange action et réflexion, avec de belles scènes de combats sur terre et dans la station, un final dantesque. Les séquences émotionnelles ne sont pas oubliées comme le moment où Frey l’amoureuse du héros Max, découvre les tatouages remontant à leur enfance à l’orphelinat. Nous pourrions prendre comme exemple la fin, le sacrifice du héros thanatos, dans les feux du soleil ouvrant sur un nouveau cosmos. La direction d’acteurs est excellente, Matt Damon et Jodie Foster composent des personnages puisant dans la littérature de SF et la BD. Nous retrouvons avec plaisir Sharlto Copley, déjà dans District 9, dans un rôle de salopard que Moebius, Druillet ou Bilal n’auraient pas daigné mettre dans leur BD. En résumé, c’est un vrai film de science-fiction, riche en symboliques et en références pour ceux qui veulent creuser. Il n’oublie pas non plus d’être avant tout un spectacle qui parle à notre âme, car il touche aux origines des mythes.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo : 4K Ultra HD + Blu-ray
Langues Audio : 5.1 / VOST DTS-HD Master Audio 7.1 dolby
Sous-titres : Audiodescription en anglais (pour malvoyants) français
Edition : SPHE

Bonus

  • Les exosquelettes, les explosions et la chorégraphie des scènes d'action
  • Le héros, le psychopathe et les personnages
  • L'art des miniatures
  • La Bugatti 2154
  • Blu-ray :
  • "Collaboration" : façonner les performances d'Elysium
  • "Une utopie de l'ingénierie" : créer une société dans le ciel
  • Scène étendue
  • "Visions de 2154" : une exploration interactive de l'art et du design d'Elysium
  • "Le Parcours jusqu'à Elysium" : imaginer Elysium, capturer Elysium, rehausser Elysium
  • "Pour appuyer l'histoire" : les Effets Visuels d'Elysium
  • "La Technologie de 2154"